- Bondiou d'bouseux baveux que j'voyons là ! Eh ! Du bouseux ! - Vin'Dieu qu'est ce que j'voyons là sur l'instant ? Eul racaille du vil Seigneur pour sûr ! Bien l'bonjour vot' seigneurie ! - Bonté Divine bouseux comme tu peux puer ! Bouseux ! Donne-moi du foin sur l'heure ! Notre bien-aimé Seigneur veut du foin pour mener sa guerre. Ses chevaux ont faim! Sur l'heure j'ai dit bouseux ! - J'n'avyons point de problème pour esgourdir vot' seigneurerie, j'm'en va vous chercher not' meilleur foin pour bouter ces Anglois de malheur ! - Bon Dieu d'Anglois de malheur ! - Hermance, voyons, contenez-vous malheureux. - C'est que ces bouseux me donnent le mal de mer Anthelme, ces odeurs... - Eh là, j'n'aimions point trop vos manières, not' odeur est p'têtre pas bien joyeuse, mais not' foin, lui, fait reluire les valseuses, ça oui ! Aussi vrai que j'm'appelle Nestor Fromentin ! Clotaire ! Viens voir un peu montrer ça a not' bon gentilhomme ! - Ça ira bouseux, ça ira, merci bien. Faites... Je vous en prie, j'espère que ce n'est pas notre foin qu'empoigne ce petit cafard pour... Seigneur Dieu ! - Frotte plus fort garcon, not' preux chevalier là nous fait un malaise ! - Bouseux ! Il suffit, sur-le-champ faites cesser ! - Comme vous voudrez, mais viens-y plus le r'dire sur not' foin avec ton langage du démon ! - S'il n'y a que ça pour vous faire arrêter, qu'il en soit ainsi ! J'accède a votre requête. Et maintenant hâtez-vous du bouseux, c'est que nous avons de l'Anglois à bouter nous... - Pour sûr qu'elles sont bien luisantes main'nant eul valseuses ! - Clotaire, arrête d'eul brailler d'la sorte, ces chevaliers veulent eut foin pour bouter de l'Anglois ! - Milles excuses noble chevalier, j'savyons point les manières d'vous autres. - Dites Hermance, je connais une petite Ermeline qui saurait y faire avec ce foin... - Foutredieu de bouseux puant, mets m'en une poignée a part. Anthelme, encore une idée comme celle-là et je vais vous demander de me passer le foin, si vous suivez ma pensée !
Un matin devant la porte du Louvre (Édouard Debat-Ponsan - 1880)
- Il fait beau aujourd'hui. - Oui, mais il fait frais. - C'est pas faux. Les éboueurs ne sont pas encore passé ? - N... Non, ils ont un peu de retard. - Je n'ai rien, Charles, et vous le savez, contre vos petites sauteries, mais enfin vous pourriez veiller à ce que tout soit en ordre le matin venu. Que vont penser les voisins ? - Oh, ne vous inquiétez pas pour ça, mère. Vous voyez le barbu en chausses, là, qui repose sur l'épaule de ce bel éphèbe ? C'est le baron de l'Ourcq, qui habite juste là en face. - Qui habitait, vous voulez dire ? - Euuuuuuh oui on peut dire ça comme ça. Notez que sa femme, enfin... sa euh... ahem... veuve vit toujours de ce côté. - C'est exact. C'est d'ailleurs elle qu'on aperçoit sanglotant à la fenêtre. - Ah oui tiens. Wouhou ! Madame la baronne ! Belle journée, n'est-ce pas ? Ah... ben tiens, elle est partie. La courtoisie n'est plus ce qu'elle était. - Les fêtes à la cour non plus. Je m'inquiète du nombre de roturiers qu'on voit étendus sur ce pavé, mon cher fils. - Mais... Mère ! C'est vous qui m'avez demandé de ne pas trop peser sur les rangs de notre noblesse déjà vivement malmenée. - Ce n'est pas vraiment ainsi que je voyais les choses. Mais enfin, Charles, que faites-vous donc lors de ces soirées ? - Oh ! Trois fois rien, je vous assure. Des petites pièces improvisées, des saynètes, des jeux de rôle... Tenez, hier, c'était la reconstitution de la bataille d'Admagetobriga, durant laquelle César battit les Suèves menés par Arioviste. C'était en 58 avant... - Je sais très bien cela. Vous me prenez pour une ignorante ? - Ah oui et bien euh... vous avez sous les yeux ce qu'il reste de l'armée Suève. Enfin ce qu'il reste... Le baron de l'Ourcq qui jouait, à la perfection je dois dire, le rôle d'Arioviste, n'a pas su changer le cours de l'Histoire. Il n'a pas eu plus de chance que son homonyme. Pourtant il s'est battu comme un beau diable, vous auriez dû voir ça, un vrai Barbare, ahahah. Cela dit, quelle chance avait-il face aux légions romaines ? - Vous jouiez j'imagine le rôle de César ? - Évidemment, Mère. Qui d'autre eût pu tenir ce rôle ? - Bon, bon, si vous vous piquez d'histoire, je ne peux pas vraiment vous en tenir rigueur, c'est très bien. Et cette jeune fille, là, elle faisait partie des troupes d'Arioviste ? - Ah euh... elle ? Ahah euh... non, non, non, non. Pas exactement. En fait pas du tout. C'est-à-dire... C'est quelque chose de complètement différent. Enfin si on veut. Voyez, après la bataille, les troupes victorieuses ont une fâcheuse tendance à... euh... piller, brûler et violer, enfin ce genre de choses qui font tout le charme de la guerre, et cette jeune fille a eu le malheur de se trouver à proximité lors de nos... euh... de nos célébrations. - Je vois, je vois. Quand donc est programmée votre prochaine bacchanale ? - Oh oh oh, Mère, comme vous y allez ! Une petite partie, tout au plus. - Quand ? - Mardi prochain, oui. Pour fêter la St-Eustache, nous rejouons la bataille d'Hastings. - J'ai peur de ne pas comprendre. - Ah mais ce n'est pas étonnant. Cela vient d'une maxime qui circule entre nous : "À la Saint Eustache, rase ta moustache." Vous n'êtes pas sans savoir en effet que Guillaume le Conquérant, principal protagoniste de cette célèbre bataille, a inauguré son règne par un décret instaurant le rasage obligatoire. - Vous... vous êtes sérieux ? - On ne peut plus. - ... - ... - Bon, et bien, euh... En parlant de moustache, j'ai... euh... j'ai du tricot qui m'attend... Rentrons.
C'est desormais officiel, Metallica, Megadeth, Slayer et Anthrax vont etre reunis sur scene pour la premiere fois depuis 25 ans. Par contre, il faudra se deplacer en Pologne, en Suisse et en Republique Tcheque pour avoir la chance de se ruiner les vertebres en pogotant furieusement devant 4 legendes du metal. Oui, se ruiner les vertebres, jugez-en par la vision de Dave Mustain sur cet evenement:
"If there are any heads left at the end of this festival that haven't banged, they don't belong there."
Ca promet. Le commentaire de Lars Ulrich sur le projet (qui avec un nom pareil avait peu de chance de finir premiere ballerine au ballet moscovite):
"Who would have thought that more than 25 years after its inception, thrash metal's 'Big Four' would not only still be around and more popular than ever, but will now play together for the first time... What a mindfuck! Bring it on!"
Un evenement musical digne de ce nom en somme.
Il y a meme Motorhead en special guest...
Et pour un peu comprendre comment cette scene metal au depart tres underground est nee, je vous conseille de jeter une oeil a la biographie de Metallica, la lecture qui va vous donner envie de mettre Kill'em all dans la platine.
Je viens de percuter, Star Wars c'est vraiment de la daube en fait. Le seul qui s'en sort à peu prêt c'est Empire Strikes Back, mais tous les autres, TOUS, c'est de la merde.
Encore une partie de mon enfance qui part en fumée.
C'est la sortie du tome 9 - deux ans qu'on l'attend - de la série dessinée De Cape et de Crocs (il est en fait sorti le 18 novembre. Ouais, on est un peu à la masse sur ce coup-là).
Extrait de la chronique de Nono de CanardPC sur le sujet :
«Pour De Capes et de Crocs, Ayrolles et le dessinateur Masbou s'intéressent de près au théatre. Les possibilités de mises en situation sont nombreuses, les références riches, bref, les auteurs vont se donner beaucoup de plaisir à faire voyager leurs héros bien au delà de l'unité de lieu.
S'inspirant jusqu'à présent de la comedia dell'arte, le tome 8 a vu la série prendre un tournant plus marqué vers la tragédie, donnant lieu à un cliffhanger absolument affreux qui aura consumé deux années de mon existence. Deux ans de quelque chose de moins que la solitude, où maintes fois je fus tenté de perdre le sens de la vie aidé par des philosophes (lie de la société). Avec le bien nommé «Revers de fortune», la série va donc retrouver tout son panache, puisque c'est le maître mot de ce nouvel acte. D'une prose moins élégante que le précedent, à l'époque introduit par une joute verbale qui fera date dans l'univers des bulles, l'acte IX ne cessera pourtant d'enchainer références théâtrales et jeux de langue. Chaque bulle met en scène un clin d'oeil appuyé, ou parfois simplement un papillonnement de paupière. Pour cela, on retrouve tout le bestiaire de la série, à commencer par la tribu des mimes un peu mise à l'écart dans ce monde de lettres. Les instrument de musique sauvages y sont plus menaçants que jamais, et nos héros animaux se baladent toujours tout naturellement parmi les humains (La Fontaine n'est pas loin). Pour associer le geste à la parole, le dessin se charge avec talent de faire vibrer notre œil et d'évoquer nos sens, toujours au service de nos zygomatiques. Les détails y sont d'ailleurs nombreux, offrant ainsi de bonnes possibilités de relecture.
« Revers de fortune » vous permettra ainsi de bien utiliser la vôtre. Vous l'avez compris, en matière de jeux de mots, De Capes et de Crocs nous offre avec cet acte ce qu'il fait de mieux, et moi ce que je fais de pire.»
Notez que d'après le journal de Delcourt, le tome 10 - prévu pour 2010, on croise les doigts - sera le dernier tome du cycle de la lune.
Ensuite, un dyptique sortira sur Eusèbe (le lapin). On y apprendrait la raison pour laquelle il a été condamné aux galères.
Nous vivons une dictature des masses et de la médiocrité. Karl serait ravi. Le capitalisme nous y a mener en quelques sortes. Les masses dominent et détiennent le véritable pouvoir économique.
Conclusion: TF1 et le BigDeal au lieu du Dessous des Cartes par exemple, Star'Ac et Lost au lieu d'Envoyé Spécial et Ushuaïa, Playstation et jeux vidéo caches misères au lieu de parties de foot improvisées, Booba et Tokyo Hotel au lieu de I AM et Alela Diane, Taxi 5 au lieu de Taxi Driver, Sarkozy au lieu de... je bloque. Tchernobyl au lieu d'herbe fraiche ou d'afghan.
Achats de mythes construits par la télé, les mags, les clips... Domination d'une normalité préconçue. Ecran plasma, pack Canal'Sat, bouf de merde, un tiers de son fric dans un loyer, un autre quart dans une belle caisse, travailler plus pour gagner plus pour avoir besoin de plus.
Paraitre au lieu d'authenticité. Domination au lieu de camaraderie. Individualisme au lieu de civisme.
Dans un épisode précédent, l'ami Lapsus évoquait la transition des Morning Musume vers le speed metal. S'il croyait faire là une boutade, le voilà bien attrapé puisqu'il me donne l'occasion de poster jpop, alors que telle n'était pas mon intention.
Alors une chanson de jpop version speed metal, ça donne quoi ? Ça donne ça ('tention les oreilles à partir de 0:20) :
Y a quand même une sacrée maîtrise de la guitare derrière, ce qui ne gâche rien. Pour les curieux, l'original se trouve ici.
Ouais c'était vraiment histoire de placer mon jeu de mots en titre, et aussi pour faire plaisir à Lapsus van de Zloot qui adore cette artiste (et puis le rose lui va si bien - à Kana, hein, pas à Lapsus (quoique...)). En fait y a des tonnes de calembours à faire avec Kana, elle a vraiment bien choisi son nom de scène : * Kana Plus, si je poste trois fois d'affilée. * Kana WC, si je trouve une photo d'elle sur les toilettes. * Kana pet, idem mais encore moins élégant. * Noces de Kana, je jour de son mariage. * Kana da, pour sa tournée nord-américaine.
Très beau clip sur lequel je suis tombé tout à l'heure en rédigeant un article pour mon site de jpop préféré. Je vous le poste ici parce qu'esthétiquement ça m'interpelle. C'est glaçant et kawaï à la fois. J'aime bien.
Musicalement, bon ben c'est Kana, hein, c'est un genre assez spécial, il faut aimer. Les anglophones diront : "it's an acquired taste". C'est un goût qui se travaille, quoi.
Oui la dentition de la demoiselle est assez... particulière.
Et puis sinon je suis content j'ai trouvé un titre formidable. Les derniers laissaient à désirer, je trouve.
« De toutes les entreprises de dévastation de notre temps, le tourisme est la plus encensée. Tandis que sa conquête se poursuit à marche forcée, l'industrie touristique et ses innombrables prédateurs appointés (tours-opérateurs, hôteliers de loisirs, directeurs et rédacteurs de guides, etc.) ont inventé de se protéger de toute critique en montant en épingle ce mouton noir, ce monstre, cet ogre hideux et providentiel qu'on appelle le tourisme sexuel. Et plus celui-ci sera chargé de péchés, plus le tourisme “normal” apparaîtra innocent. Il passera même pour l'incarnation de la conscience éthique. En d'autres termes, le tourisme sexuel est un salaud utile : il sert à blanchir le cauchemar du tourisme normal et à légitimer ses vastes exactions. Les petits ou grands tartuffes du “voyage respectueux de l'autre” ou du “tourisme responsable” ont besoin de ce suppôt de Satan modernisé pour retourner leurs destructions en exploits humanitaires. Comme le déclarait il n'y a pas si longtemps un orfèvre en la matière, le directeur des Guides du Routard, “la seule chose qui se vend bien c'est la morale, et il faut aller très loin là-dedans”.
« Le nouveau roman de Houellebecq, Plateforme, dont l'intrigue se développe précisément dans le milieu de l'industrie du loisir, va très loin de l'autre côté. (...) S'il y a bien un scandale dans ce roman, celui-ci consiste à faire avouer au tourisme, transformation brutale du globe terrestre en marchandise, l'obscur secret que ses entrepreneurs camouflent sous les balivernes d'une vertu d'emprunt : toute forme de tourisme est sexuelle et tous les corps exotiques sont des marchandises parce que le tourisme est par définition occidental et que l'Occident contemporain agonise dans un épuisement libidinal absolu. Les Occidentaux, comme dit le narrateur du livre, n'arrivent plus à coucher ensemble. Leurs femmes seraient même incapables d'être des prostituées thaïes. Elles ne leur arrivent pas à la cheville. L'Occidental, explique-t-il encore, a de l'argent mais plus aucune satisfaction sexuelle. Dans d'autres pays, en revanche, vivent des milliards d'individus qui n'ont à vendre “que leur corps et leur sexualité intacte”. (...)
« Dans ces conditions, l'appel au “tourisme respectueux” et aux “voyages éthiques”, ainsi que la guerre contre le tourisme sexuel, ne sont même pas les marques d'un néo-puritanisme : ce sont des volontés délibérées de mettre en place une fausse conscience destinée à promouvoir l'identification de l'industrie touristique avec les plus hautes exigences de la morale afin de cacher que cette industrie est par définition coupable. Cette fausse conscience a une autre fonction, solidaire de la première. Elle permet de masquer ce que le roman de Houellebecq dévoile : l'agonie de l'homme européen. Le symptôme le plus sûr de cette agonie réside dans une de ses activités les plus encouragées : le voyage. L'homme européen souhaite voyager. On a réussi à le persuader qu'il veut voyager. Il n'a d'ailleurs pas le choix : en Occident, comme le dit le héros de Houellebecq, il fait froid, la prostitution est de mauvaise qualité, il est devenu impossible d'y fumer en public et d'y acheter des médicaments ou des drogues. Pour de multiples raisons la vie a fui l'Occident. Et le processus est irréversible : on ne change pas un continent qui perd, on ne peut qu'essayer de le quitter. »
Philippe Muray, Exorcismes spirituels III, Les Belles Lettres, p. 72 - 73.
Et puis, pour rire un peu (jaune), terminons sur une citation du monsieur :
"- La littérature sert-elle encore à quelque chose ? - Oui. À nous d'un dégoûter d'un monde qu'on n'arrête pas de nous présenter comme désirable."