Règles du jeu
"Now are you ready to play the game? NO! Are you ready to play the game? YEAH! The Game Playing to survive Aiming to win anyway they can." - Jurassic 5 - The Game.
"Le concept du festivisme est pour moi symbolique. C'est entre autres choses le symbole de notre farandole au bord du gouffre. De notre renoncement collectif face aux exigences du sens, de l'histoire, de l'épaisseur du temps. Face à nos responsabilités. Nous dansons pour fêter l'irréel, nous dansons pour fêter nos lubies foireuses, nous dansons pour fêter notre propre caricature. Nous nous gargarisons de notre esperanto. Nous dansons, nous nous agitons en tous sens, nous braillons et nous nous récrions avant que le vieux monde ne nous rattrape et ne nous prenne à la gorge. Ce monde dans lequel les hommes sont encore des hommes au sens historique du terme. Pas seulement des citoyens du monde. Pas exclusivement des consommateurs avides. Des hommes dans leur nudité sauvage, quelles que soient leurs couleurs, leurs origines, leurs religions. Des hommes d'identité, des hommes de territoire, des hommes de passions. De raison aussi, parfois. Mais de passions surtout. Des vivants.
Le MRAP, écrivais-je, a raison de faire ce qu'il fait. Et le CRIF aussi. Il y a que je ne crois plus à la sentence de Clermont-Tonnerre. MRAP et CRIF se battent pour les leurs, c'est ainsi. Le MRAP et le CRIF ne croient pas trop que la France soit "un conglomérat de peuples qui veulent vivre-ensemble", comme l'a dit Eric Besson. Ils ne sont pas aussi naïfs. Pas aussi stupides. Le MRAP et le CRIF se battent pour gagner leur place au soleil. Leur place dans le sale monde dégoutant de demain. Le monde qui nous est aujourd'hui vendu comme le projet définitif d'une humanité nouvelle enfin apaisée,
post-tout-ce-que-vous-voudrez, mais qui sera fort probablement rien moins qu'un mélange de tristesse tiers-mondiste et de crétinisme modernolâtre. Je n'en veux pas au MRAP de m'avoir foutu sur une liste merdique. Je n'en veux pas au MRAP de frayer avec un tas d'antisémites musulmans, de trouver des excuses aux poseurs de bombes et autres accrocs au fusil-mitrailleur. Je n'en veux pas au MRAP de militer pour que les musulmans de demain, en France, se sentent comme chez eux, car ils seront chez eux, et ils le sont déjà bien évidemment. Je n'en veux pas au CRIF de protéger les fesses des juifs, d'intriguer, de faire jouer les leviers à leur disposition. Je n'en veux pas au CRAN, ou à Lillian Thuram cet aimable plaisantin, de protéger les intérêts des noirs. Ils ont tous raison. Mille fois raison. Ils ont compris la règle du jeu. Cette règle que j'ignorais, moi, le blanchouille lambda, l'abruti seul et atomisé avec ses bouquins et sa candide cervelle. Cette règle qui dit qu'il n'y a de place que pour ceux qui sont en mesure de remporter la bataille pour la vie."
Le reste sur The Hank's Nest.Pour faire bonne figure et tacler tout de suite les accusations impulsives autant qu'injustifiées qui pourraient s'élever, je vous invite également à lire l'interview de Lillian Thuram dans Madame Figaro (ouais, bon, ahah), dont voici quelques extraits, parce que je le considère quand même davantage que comme un "aimable plaisantin" (à mon avis il a, qu'on considère cela comme une bonne ou une mauvaise chose, une ambition présidentielle - à long terme, bien sûr, je le vois pas se présenter en 2012)."Pour qu’il y ait moins de souffrance et de violence, donnons aux enfants des « étoiles » de toutes les couleurs et de tous les sexes, dans lesquelles ils pourront piocher . Parlons-leur du pharaon nubien Taharqa, d’Ésope, qui a inspiré les « Fables » de La Fontaine, d’Anne Zingha, charismatique princesse du prospère royaume d’Angola au XVIIe siècle, ou du scientifique Cheikh Modibo Diarra, père des sondes de la NASA. Et les préjugés vont tomber. Ils comprendront que ce n’est pas la couleur de peau qui détermine les qualités intrinsèques des hommes.
Selon un récent sondage, 80 % des Français ne connaissent les peuples noirs qu’à travers la colonisation, la traite et l’apartheid. Or, au moment de l’esclavage aux Antilles, existait le servage en France. L’esclavage, c’est l’oppression de l’homme par l’homme, et non une confrontation entre Noirs et Blancs. Ce prisme conditionne toujours notre regard."
Voilà, ce qui me frappe quand même entre les deux discours c'est leur ton radicalement différent. Hank, qui développe un accent global, parle de l'Homme et de liberté. Thuram, au verbe résolument plus intimiste, parle d'individus et d'Égalité.