"Il reste que je ne suis qu'un homme, mais plusieurs vous diront quel homme j'ai été. J'ai toujours lutté pour le peuple et les droits de celui-ci de se gouverner lui-même, j'en ai frôlé la mort plus d'une fois et j'ai même dû me sauver de chez moi pour de longues années. Mais toujours j'ai écrit et aimé la vie. Mon œuvre a fait le tour du monde et je suis devenu un symbole pour une jeunesse pleine de vie. Les élèves aimeront mon Chant général où je tente de faire sentir toute la beauté du monde. J'aime la vie et le monde. J'ai été heureux dans ma lutte incessante."
- Pablo Neruda
Avant je circulais dans la vie, un amour douloureux m'entourait : avant je retenais une petite page de quartz en clouant les yeux sur la vie. J'achetais un peu de bonté, je fréquentais le marché de la jalousie, je respirais les eaux les plus sourdes de l'envie, l'inhumaine hostilité des masques et des êtres. Le monde où je vivais était marécage marin : le fleur brusquement, le lis tout à coup me dévorait dans son frisson d'écume, et là où je posais le pied mon coeur glissait vers les dents de l'abîme. Ainsi naquit ma poésie, à peine arrachée aux orties, empoignée sur la solitude comme un châtiment, ou qui dans le jardin de l'impudeur en éloignait sa fleur la plus secrète au point de l'enterrer. Isolé donc comme l'eau noire qui vit dans ses couloirs profonds, de main en main, je coulais vers l'esseulement de chacun, vers la haine quotidienne. Je sus qu'ils vivaient ainsi, en cachant la moitié des êtres, comme des poissons de l'océan le plus étrange, et j'aperçus la mort dans les boueuses immensités. La mort qui ouvrait portes et chemins. La mort qui se faufilait dans les murs.
Rouvert le Chant général, aujourd'hui. Comme ça, parce que je n'avais rien de mieux à faire.