Saturday, August 01, 2009 :::
Réflexion Splash
Je suis en train de réécouter mes Marilyn Manson là (ouais ça faisait longtemps, et puis ça change de la jpop) et quand même ce mec est fort. Très fort.
La manière dont il use des travers de la société occidentale (dans son extrémité américaine) est brillant. La religion, la société de consommation, le sexe, la drogue, le patriotisme et les armes à feu, le show-business, tout ces modes de vies se ressemblent et procèdent du même pathos.
En effet : les intégristes religieux sont des exhibitionnistes, les consommateurs obsessifs sont dangereux, les obsédés du sexe ne sont rien d'autre que des consommateurs, les patriotes main sur le cœur et finger on the trigger sont obscènes, les stars sont accros. Tous ces archétypes sont interchangeables et Marilyn Manson, en les amalgamant, les révèle dans toutes leurs contradictions.
Lui-même reconnaît être un produit de cette société (la série de photos le montrant emprisonné dans un caddie de supermarché illustre remarquablement cette prise de conscience, de même que son nom de scène, réunissant les créatures Marilyn Monroe et Charles Manson), et assume le paradoxe qu'il représente par le rôle qu'il tient : Marilyn Manson est un monstre, un mutant fait de frustration, de dollars et d'entertainment.
Marilyn Manson est réellement l'antéchrist en ce qu'il représente, qu'il ramène en lui tout ce qui est la cause du déclin de la société occidentale.
Dans This Is The New Shit, Marilyn Manson, plutôt que d'écrire une chanson rebelle, en retient seulement les éléments pseudo-subversifs qui suffisent toujours à vendre un produit labellé 'cool' : sexe, drogue, fête, violence. La chanson consiste entièrement dans la morne litanie de ces termes dépouillés de toute signification, vides et détachés de tout contexte, révélant par là le néant que représente tout ce monde - lucratif - de la contestation gratuite. Le message de cette chanson : quelques mots choisis suffisent à faire mouiller le petit-bourgeois rebelle qui a assez d'argent pour acheter des disques. Pourquoi dès lors s'emmerder à faire des phrases, qui plus est du sens ?
Cette chanson est un monument pop, au sens warholien du terme. Prête à être consommée, digérée, déféquée :
Everything has been said before
There's nothing left to say anymore
When it's all the same
You can ask for it by name
Babble babble bitch bitch
Rebel rebel party party
Sex sex sex and don't forget the violence
Blah blah blah got your lovey-dovey sad-and-lonely
Stick your STUPID SLOGAN in:
Everybody sing along.
Babble babble bitch bitch
Rebel rebel party party
Sex sex sex and don't forget the violence
Blah blah blah got your lovey-dovey sad-and-lonely
Stick your STUPID SLOGAN in:
Everybody sing,
Are you motherfuckers ready
For the new shit?
Stand up and admit,
tomorrow's never coming.
This is the new shit.
Stand up and admit.
Do we get it? No.
Do we want it? Yeah.
This is the new shit,
Stand up and admit.
So,
LET US ENTERTAIN YOU
LET US ENTERTAIN YOU...
Blah blah blah blah everybody sing along.
Bien entendu, il faut mesure garder et reconnaître dans les attaques de Marilyn Manson une caricature de la société américaine, féroce et pertinente, certes, mais exagérée à l'envi. L'Apocalypse n'est peut-être pas, n'en lui déplaise, au coin de la rue.
Albums choisis : Hollywood ; The Golden Age Of Grotesque.
Labels: Ça change de la jpop, kulturzik, l'Apocalypse est au coin de la rue, Merde de la lecture
::: posted by Tranxenne at 8:03 PM