Saturday, May 15, 2004 :::
Un article que j'ai trouvé dans le Point, pour étoffer mon propos, me donner bonne conscience (vous voyez les gars, c'est pas moi qui le dit, c'est le Point). Je devais aller boire un verre vous allez me dire, et c'est vrai, mais non, pas ce soir, c'est triste. Je fais des putains de titre là dites donc. C'est bien ça, les longs titres font les bons articles.
Le tabou de la torture a sauté
(c'est le titre du Point. Evidemment avec un titre aussi court on se dit que l'article doit être pourri, mais non.)
Les EU, comme tous les pays au monde,sont soumis au respect des lois de la guerre. La 3ème convention de Genève interdit explicitement la torture sous une forme on ne peut plus nette: "lors de leur capture, les prisonniers ne pourront subi aucune toture ou contrainte pour les forcer à livrer des informations." Après les attentats du 11 Sept., certains militaires et agents des services de renseignement américains ont cependant estimé que le recours à ces procédés serait désormais justifié par l'énormité des enjeux.
Curieusement, ce sont des intellectuels qui, les premiers, ont fait sauter le barrage idéologique. Richard A. Posner, juge et professeur de droit à l'université de Chicago, n'a pas hésité à écire, en sept 2002: "Si la torture est le seul moyen d'obtenir les renseignements nécessaires pour prévenir l'explosion d'une bombe nucléaire à Times Square, alors elle doit être utilisée, et elle le sera." (Pas sûr qu'une bombe atomique dans une poubelle de Times Saquare passe inapercue )
Les militaires américains ont une formule pour qualifier les entorses aux lois de la guerre. Ils appellent cela la "flexibilité opérationnelle" (Perso j'aurai plutôt appellé ça "Kicking arses"), et l'ancien chef du counterterrorism center de la CIa, Cofer Black (2 sucres pour moi, merci), est explicite: "après le 11 septembre, on ne prend pplus de gants." Si des fonctionnaires américains répugnent à ce sale boulot, d'autres pays auxquels des prisonniers ont été remis (Syrie, Pakistan...) ne s'embarassent pas de scrupules. Un anonyme cité en Décembre 2002 (Déjà!!!) dans le Washington Post précisait, dans un langage fleuri: "Si on ne leur fait pas vider leur putain de sac, on les envoie dans d'autres pays qui leur feront vider leur putain de sac. Si on ne viole pas les droits fondamentaux d'un individu de temps en temps, on ne fait sûrement pas son boulot." (Les personnes choquées par ce langage "fleuri" peuvent bien sûr remplacer les "putain" par des "Saddam")
Tout était évidemment censé demeurer secret, et c'est la publication de photos explicites qui a déclenché le scandale. Le fait est indiscutable: la torture est utilisée de manière routinière dans l'armée américaine. En autorisant ceux qui interrogent à se placer au-dessus des lois internationales, en instaurant des règles de détention extrajudiciaires dans des centres comme celui de Guantanamo ou d'Abu Grahib, l'administration Bush a ouvert la voie à tous les excès.
Elle ne s'en est pas moins trouvée en phase avec son opinion publique et même, jusqu'à récemment, avec une bonne partie de la presse... Le général Paul Aussaresses, qui a revendiqué l'usage de la torture durant la guerre d'Algérie, n'a-t-il pas été complaisamment interviewé par CBS pour expliquer le pourquoi de cette pratique?
Plus étonnant encore: on compte de vrais défenseurs des droits de l'homme parmi les partisans de la torture, et un homme aussi "libéral", au sens américain du terme, qu'Alan Dershowitz, avocat et professeur de droit à Harvard, qui se bat depuis plus de quatre décennies contre la peine de mort, a pu réclamer dans un livre récent que la torture soit institutionnalisée, sous le contrôle de la justice, qui délivrerait des "mandats de torture"."Je pense à une torture non mortelle, comme une aiguille stérilisée sous les ongles, ajoute Dershowitz. Bien sûr, cela serait contraire à la Convention de Genève, mais vous savez, d'un bout à l'autre du monde, il existe des pays qui violent les accords de Genève. ils le font en secret, comme l'ont fait les Français en Algérie. Si nous en arrivions un jour à cette extrémité, je pense que nous devrions agir de façon responsable et ouvertement, et non adopter la méthode des hypocrites."
Les actes qui se sont produits en Irak ne sont donc ni des dérapages, ni des incidents isolés. C'est le verrou de la torture qui a sauté. En vertu du principe bien connu selon lequel la fin justifie les moyens.
Jean Guisnel
Evidemment, quand on lit l'article, on réfléchit, alors ça va. Parce qu'après, on peut toujours aller voir des photos de tortures sur le Net. On tombe sur des trucs comme ça:
Les plus trash que j'ai trouvé provienne, ô surprise, des archives de l'Algérie. Et encore on a du bol, elles sont en noir et blanc
Evidemment ça calme. On réfléchit plus, on se met à penser.
Voir aussi un article de l'Express
::: posted by Tranxenne at 5:36 PM

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