Wednesday, May 26, 2004 :::
Palme d'or
LEMONDE.FR | 22.05.04 • MIS A JOUR LE 22.05.04 | 22h46
Michael Moore a reçu la Palme d'or pour son documentaire anti-Bush, "Fahrenheit 9/11"
Le réalisateur américain a été ovationné par le public debout pendant neuf minutes, samedi 22 mai, à la fin de la cérémonie de clôture du 57e Festival international du film de Cannes.
Fahrenheit 9/11 devient ainsi le premier documentaire à décrocher la Palme d'or depuis 1956, année où le trophée suprême du Festival de Cannes était allé au film de Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle, Le Monde du silence.
Michael Moore a dédié sa Palme d'or "aux enfants en Amérique et en Irak, et tous ceux dans le monde qui souffrent des actions" des Etats-Unis. "Ecrasé" par la récompense, décernée sous des tonnerres d'applaudissements, il a estimé que cette reconnaissance internationale permettra à son film de sortir aux Etats-Unis et "au peuple américain de le voir". "Beaucoup de gens veulent cacher la vérité, la mettre au placard mais vous l'avez sortie du placard", a-t-il dit à l'adresse du jury présidé par son compatriote Quentin Tarantino. "Si on dit la vérité au peuple, la République sera sauve", a-t-il ajouté en citant l'ancien président Abraham Lincoln, "un Républicain d'une autre trempe". Le "trublion" du cinéma américain a également indiqué avoir "le grand espoir que les choses changent". Et d'ajouter : "Je ne suis pas seul. Il y a des millions d'Américains comme moi et je suis comme eux".
Le réalisateur américain s'était déjà fait remarquer lors de la cérémonie des Césars, où il avait reçu le César du meilleur film étranger pour son précédent documentaire Bowling For Columbine, en remerciant la France pour son opposition à l'intervention des troupes américaines en Irak en mars 2003.
Couronnement aussi pour le jeune comédien japonais Yuuya Yagira, 14 ans (dans Nobody Knows, d'Hirokazu Kore-Eda) et pour l'actrice chinoise de Hongkong Maggie Cheung (dans Clean, d'Olivier Assayas), récompensés respectivement par les prix d'interprétation masculine et féminine.
Comme c'est souvent le cas à Cannes, les "favoris" (de la critique) n'apparaissent pas dans le palmarès final : 2046, la fresque romantique et cérébrale du Chinois Wong Kar-wai, La vie est un miracle du Serbe Emir Kusturica, ou, dans la course au prix d'interprétation masculine, l'Australien Geoffrey Rush, pour sa performance dans The Life and Death of Peter Sellers du Britannique Stephen Hopkins. Oublié aussi, le film du Brésilien Walter Salles, Carnets de voyage, relatant le périple à moto du jeune Ernesto Guevara, futur Che.
La cérémonie de clôture, qui devait être suivie samedi soir par une grande fête et un concert pour les 80 ans de la Metro Goldwyn Mayer, a donné lieu une fois de plus à une montée des marches sur le mode "glamour", à laquelle n'ont pas accédé les intermittents du spectacle français, dont les revendications avaient été au coeur de la première moitié du plus prestigieux des festivals internationaux.
Quelques heures avant le palmarès, la rumeur de Cannes laissait entendre qu'Old Boy du Sud-Coréen Park Chan-wook, Tropical Malady du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, et l'actrice Maggie Cheung figureraient au palmarès. Ce fut le cas. Old Boy, thriller-manga très violent, a reçu le Grand Prix du jury. Tropical Malady a partagé le Prix du jury avec l'inattendue "mama" noire-américaine Irma P. Hall dans The Ladykillers des frères Coen.
Inattendu aussi, le gitan Tony Gatlif, qui, pour la France, a décroché le Prix de la mise en scène pour Exils, un road-movie musical d'une très grande beauté visuelle sur le déracinement. La France à l'honneur encore avec le couple Agnès Jaoui/Jean-Pierre Bacri, auréolé du Prix du scénario pour Comme une image, qui avait été très bien accueilli par une presse américaine réconciliée cette année avec le choix d'une sélection cannoise qu'elle avait très sérieusement contestée l'an dernier.
Avec quatre trophées (Grand Prix du Jury, Prix du jury, et les deux prix d'interprétation), le continent asiatique a été particulièrement honoré par le 57e Festival de Cannes.
En récompensant aussi la cinématographie roumaine (Palme d'or du court métrage pour Trafic de Catalin Mitulescu), belge (Prix du jury du court métrage pour Flatlife de Jonas Geirnaert) et israélienne (la Caméra d'or, qui distingue un premier film, pour Mon trésor de Keren Yedaya), Cannes a également témoigné de l'éclatement géographique de la "planète" cinéma. Le Festival devait se terminer dimanche 23 mai avec la reprise en projections de l'ensemble des films de la Sélection officielle. Dans l'après-midi, le jury s'expliquera sur ses choix lors d'une conférence de presse, une première dans l'histoire du Festival, et dans la soirée, le film lauréat de la Palme d'or sera projeté une nouvelle fois en présence du réalisateur et de son équipe.
::: posted by Lapsus van de Zloot at 12:17 AM

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