Tuesday, May 11, 2004 :::
Les méthodes d'interrogatoire des Forces spéciales britanniques en Irak
LONDRES (AFP) - 10/05/2004 08h57 - Un ancien officier britannique cité
samedi par le Guardian affirme que les techniques d'interrogatoire utilisées
par les forces spéciales (SAS) sont largement répandues et correspondent aux
traitements dégradants auxquels les détenus irakiens seraient
systématiquement soumis.
Sous couvert de l'anonymat, cet ancien officier des SAS rentré d'Irak la
semaine dernière affirme qu'en Irak, les "gardiens de prison utilisent les
techniques R2I", dites de "résistance aux interrogatoires".
Selon le Guardian, la plupart des forces spéciales britanniques et
américaines reçoivent une formation R2I pour se préparer à résister "aux
techniques de dégradation" auxquelles elles sont susceptibles d'être
soumises par l'ennemi en cas de capture.
Humiliations et dégradations sexuelles entrent dans le cadre des méthodes
R2I utilisées par les forces spéciales et "enseignées de part et d'autre de
l'Atlantique, sous le slogan 'prolonger le choc de la capture'", précise le
Guardian.
Interrogé sur ces informations, un porte-parole du ministère britannique de
la Défense (MoD) a déclaré qu'il "ne commentait pas les activités des forces
spéciales", ajoutant que "toute activité des forces britanniques est
rigoureusement conforme aux conventions de Genève".
Les spécialistes du renseignement militaire britannique et américain, révèle
également l'ex-SAS au Guardian, ont été formées dans un centre de services
d'interrogatoire conjoint à Ashford, dans le Kent (sud-est de l'Angleterre).
"L'ensemble de l'expérience est horrible", relève l'ancien SAS, ajoutant:
"c'est extrêmement perturbant".
Des personnels féminins étaient utilisés pour "ridiculiser sexuellement les
prisonniers", précise le journal, notant que lors des sessions de formation
britannique, les femmes étaient soumises à des "railleries lesbiennes".
Les techniques R2I prévoient notamment le maintien des prisonniers dans une
nudité absolue la plupart du temps, selon le quotidien, comme le montrent
les photos américaines de détenus irakiens dans la prison d'Abou Ghraib, à
Bagdad.
Toujours selon le Guardian, visages masqués, privation de sommeil et perte
de la notion du temps sont quelques-unes des méthodes utilisées à l'encontre
des détenus. Ceux-ci sont non seulement privés de leur dignité mais aussi de
leurs besoins humains fondamentaux tels qu'avoir chaud, boire et manger.
"Le réservoir de connaissances en matière de techniques d'interrogatoires
est constitué d'anciens SAS qui se font embaucher comme entrepreneurs privés
en Irak", affirme encore l'ex-SAS, selon qui ces derniers "font (ensuite)
venir leurs vieux copains".
Un certain nombre d'entreprises fournissent ainsi des "interrogateurs" à
l'armée américaine en Irak.
Les détails fournis par l'ex-SAS correspondent à ceux contenus dans le
rapport rédigé par le général américain Antonio Taguba et étiqueté
"secret/pas de diffusion à des étrangers".
Le rapport, dont des extraits ont été publiés lundi par le Los Angeles
Times, relève toute une série de sévices: des soldats américains ont
"frappé" et "sauté sur les pieds nus" des prisonniers, "utilisé des chiens
sans muselière pour faire peur aux détenus", "sodomisé un détenu", "menacé
les détenus masculins de viol", etc.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui a estimé vendredi que
les mauvais traitements infligés par les soldats américains aux prisonniers
irakiens étaient "assimilables à des tortures", s'est aussi inquiété des
prisons tenues par les Britanniques.
::: posted by Tranxenne at 8:39 PM

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