Tuesday, March 30, 2004 :::
Régime hamburgers
LEMONDE.FR | 30.03.04 | 14h20
Le réalisateur américain Morgan Spurlock a donné corps à l'un des pires cauchemars de José Bové : manger trente jours consécutifs chez McDonald's et nulle part ailleurs, matin, midi et soir. Avec obligation d'ingurgiter le format "maxi" du menu qu'il commande, s'il lui est offert.
Ce régime alimentaire un brin kamikaze sert de fil conducteur au documentaire Super Size Me, récemment primé au festival Sundance, dans l'Utah (Etats-Unis). Moustachu comme José Bové, Morgan Spurlock, qui tient aussi le premier rôle, tente d'expliquer pourquoi les Américains sont si nombreux à souffrir de surcharge pondérale. Pour répondre à cette question, il décide de mener l'enquête dans vingt villes américaines. Tout en avalant force frites et burgers, Morgan Spurlock nourrit son reportage d'interviews d'acteurs ou d'observateurs des habitudes alimentaires américaines, à la manière de Michael Moore dans Bowling for Columbine pour les armes.
Médecins, cuisiniers, quidams ou profs de gym parlent calories, conduites addictives ou exercices physiques. Le marketing des chaînes de fast-food est décortiqué, en parallèle avec différents menus scolaires. Spurlock s'attarde également sur les méthodes, y compris radicales, utilisées par ceux qui souhaitent perdre du poids. Les dommages provoqués par le régime qu'il s'inflige, inventoriés lors de visites médicales, complètent le panorama. En bonne santé, mince et tonique au début du film, Spurlock ne tarde pas s'empâter, devient léthargique, déprimé. Des renvois nauséeux - "McGas et McGurgles" - commencent à se manifester quelques jours après le début de l'expérience. Un repas plus encombrant que les autres le fait vomir par la fenêtre de sa voiture. Sa santé se dégrade si rapidement que les médecins qui le suivent lui enjoignent d'arrêter l'exercice au bout de trois semaines. Préjudice : un foie "très, très anormal", selon le médecin qui l'ausculte, des maux de tête récurrents, un taux de cholestérol vertigineux, une libido sévèrement malmenée.
"Mes genoux ont commencé à me faire mal à cause de ma prise de poids, si rapide. C'était incroyable et vraiment flippant", ajoute Spurlock dans un entretien au New York Post. Le verdict de la balance au terme des trente jours de ce régime laisse songeur : une quinzaine de kilos supplémentaires. Convertie en dollars, l'obésité américaine a pesé, selon une étude officielle récente, 75 milliards (62 milliards d'euros) de dépenses médicales en 2003. "Je suis ravi que les Américains puissent voir ce film et commencent ensuite à s'interroger sur leurs habitudes alimentaires", s'enthousiasme Spurlock.
Le début d'année lui a apporté deux nouvelles contradictoires : 1) selon l'institut de mesure d'audience Comscore, les Américains ont plébiscité les sites Web de régime en janvier. C'est l'une des plus fortes progressions du Net. 2) McDonald's a annoncé une progression de plus de 13 % de ses ventes aux Etats-Unis de janvier 2003 à janvier 2004, pour un nombre de restaurants identique.
Olivier Gens
Sortie du film prévue fin mai aux Etats-Unis.
::: posted by Tranxenne at 3:46 PM

|