Thursday, January 22, 2004 :::
Spéciale cassedédi à Lvdz
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Beyoncé nue dans mon kiosque !
LEMONDE.FR | 21.01.04 | 14h06
Elle est partout, Beyoncé ! A la télévision, au cinéma, sur les affiches des maisons de la presse, où on nous promet ses "photos les plus hot", rien que ça. Et voilà la dame réduite au statut de kiosquière racoleuse. C'est faire peu de cas de sa voix et de son talent.
Force est de reconnaître que cette jeunette - 21, 22 ans au maximum - est au R'n'B (rhythm and blues) d'aujourd'hui ce qu'étaient Diana Ross et les groupes féminins au R'n'B des années 1960-1970 : de la guimauve, un débordement de sensualité et d'érotisme, mais surtout une forme acceptable et inoffensive de musique noire. Hier membre de Destiny's Child, elle vole maintenant de ses propres ailes… sous l'œil avisé de son producteur de père, Mathew Knowles. Elle fait partie de ces figures qui, avec Missy Elliott, Kelis ou Mary J. Blige, incarnent le mieux le R'n'B contemporain, mâtiné de hip-hop, qui renvoie d'un coup de pied aux gonades les clichés propagés par l'imagerie traditionnelle du rap, où les relations entre les filles et les garçons, les relations sociales, jouent sur le registre éculé du "pimp" et de la "bitch", du maquereau et de la pute, difficiles à accepter par un public bien-pensant.
Chez ces nouvelles venues, la femme est indépendante, l'homme réduit au statut d'accessoire ou prié de se tenir à carreau. Le R'n'B d'aujourd'hui remet les choses à leur place. Mais il conserve dans ses chromosomes certains tics hérités des générations précédentes : des chorégraphies millimétrées, une musique perfectionnée, hyper-léchée, où les machines tendent à remplacer les musiciens, une tendance à l'uniformisation, la faute aux producteurs les plus inventifs qui recyclent dans des chanteurs et des chanteuses à succès les mêmes formules gagnantes.
Aux Etats-Unis, les créateurs les plus futés, Timbaland ou les Neptunes, travaillent au succès d'artistes - ou de produits ? - comme Justin Timberlake ou Britney Spears. Ce nouveau R'n'B inspire aussi la variété internationale : les aspirants Popstars (sur M6) singent les recettes du R'n'B, et dans les rues, les adolescentes en mal d'affirmation se prennent soit pour de futures "star-académiciennes", soit pour les nouvelles égéries du R'n'B.
Pour les bougons, ceux qui ne se sont pas remis de la disparition - ou de l'éclipse - des grandes figures du R'n'B et de la soul - Otis Redding, Sam Cooke, Wilson Pickett, James Brown -, ceux qui aiment le R'n'B de papa, il est toujours possible de se cramponner au retour d'un Solomon Burke (l'album Don't Give Up on Me, en 2002), ou d'un Al Green, légende de la soul à l'ancienne, qui a sorti l'album I Can't Stop, un des bons moments musicaux de l'année passée.
Pierre Bouvier
::: posted by Esamurai at 9:02 AM

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