L'hallu. Je retrouve dans ma boîte mail un vieil article sur les mangas que j'ai écrit en 2004 et que j'avais proposé à Ring, pour leur section littérature. Je le relis et je me dis "putain c'était quand même bon" (ils l'avaient refusé, ou plutôt ils m'avaient demandé de travailler avec un autre gars pour en faire un dossier complet, lequel gars voulait rien garder de ce que j'avais fait et m'a imposé tous ses thèmes. Du coup j'avais sauté du train en marche.) Pour que tout ne soit pas perdu je vous livre l'article ici-même, en exclusivité.
Manga et arts martiaux
Histoire et liens
Le manga est le format de bande dessinée le plus publié au monde. Des centaines voire des milliers d’entres eux font référence aux arts martiaux. Ce n’est pas étonnant puisque ces deux disciplines sont ancrées depuis plusieurs siècles dans la culture japonaise. Tout au long de son histoire le manga a emprunté aux techniques de combat ancestrales connues sous le nom de Budo. Le dessin de manga remonte d’ailleurs à plus loin qu’on ne le croie puisqu’une image du 12ème siècle est considérée comme le premier travail de tradition manga. C’est le choujju giga. Il fut dessiné par Toba, un moine bouddhiste, et représente des animaux se comportant comme des humains. C’est également au 12è siècle, grâce à la pacification du Japon, que les arts martiaux se démocratisent et qu’on voit les premiers Dojo (école de Budo) ouverts au peuple. Ces arts martiaux « populaires », ou accessibles aux classes inférieures, sont appelés Bujutsu. La plupart des maîtres s’inspirent du comportement des animaux pour concevoir leurs enchaînements, nommer leurs prises et transmettre leur enseignement.
Le terme « manga » (qui signifie « image dérisoire ») n’apparaît qu’en 1862, dans une revue nommée The Japan Punch. Ecrite et publiée par des Anglais, elle mêle nouvelles et bandes dessinées. Elle trouve vite un écho favorable auprès de la population et le genre se développe rapidement. Toute cette période voit la réémergence de dessins satiriques et politiques (tanuki-e et namazu-e, ou « poissons-chats », le poisson-chat étant associé au soulèvement populaire).
En 1877 le magazine Marumaru Chinbun innove en adoptant les phylactères et des techniques de dessins à l’occidentale. Plus tard, dans les années vingt, l’explosion des comics aux Etats-Unis influencera nombre d’artistes Japonais et aura un impact jusque dans les classes populaires auparavant moins exposées.
Parallèlement, la caste des samouraïs est dissoute à l’ère Meiji (1868-1912). Le port du sabre est interdit et les disciplines martiales prennent de l’ampleur et se codifient. C’est l’apparition du Judo (1882), puis du Kendo (1903), du Kuydo (1905), du karatedo (1935) et enfin de l’aikido en 1942. Après la 2nde guerre mondiale chaque école développe son propre style et évolue.
C’est également après la guerre que le manga se développe sous la forme qu’on lui connaît actuellement. Le traumatisme de la défaite pousse de nombreux artistes Japonais à transcender les clivages traditionnels de l’art et plus particulièrement du dessin, aboutissant à de nouveaux styles graphiques percutants. Encouragés par l’esthétique de leurs avancées, les dessinateurs s’affirment et le manga se développe depuis de manière exponentielle, tout comme les arts martiaux.
On le voit donc, l’histoire du manga et celle des arts martiaux sont très proches et étonnamment parallèles. Aussi il n’est pas étonnant que l’une et l’autre aient échangé des caractéristiques dans le domaine de la technique comme dans celui de l’esthétique. Cet échange continu a permis au manga d’atteindre un degré de perfectionnement qui lui aurait été interdit sans cet enrichissement réciproque.
Le dessin comme art martial
L’influence des arts combattants est telle que le manga est devenu une discipline unique qui n’a d’équivalent dans aucun autre pays, même si les techniques spécifiques de dessin se sont maintenant répandues, en Asie d’abord puis dans le monde occidental. On ne retrouve nulle part l’impulsivité du trait qui fait l’énergie du genre et sa popularité. Sa conception même est une philosophie à part entière et le manga-ka peut être comparé au calligraphe pour qui la force du geste doit insuffler au trait sa pureté. Les artistes Japonais, forts de leurs connaissances de la calligraphie et du combat martial, ont su réinventer le dessin en le refaçonnant dans la rigueur.
Toute la sensualité du trait nippon vient de cette discipline que le manga-ka s’impose dans son travail. La minutie et le perfectionnisme qu’il apporte à son art sont souvent traduits par un ascétisme visuel dans les planches. La prédilection pour le noir et blanc et l’usage des encres reflète encore toute l’influence de la pensée martiale. Comme le guerrier, le manga-ka voit son geste avant de l’exécuter. Des deux côtés le coup, de sabre ou de pinceau, est accompli avec netteté.
Pour ces raisons, L’aspect visuel des pages de mangas est très différent de celui des BD européennes. Alors que le format de ces dernières est assez monotone, avec des découpages réguliers qui coincent l’image dans un cadre, la case explose dans le manga. Le dessin se libère, devient plus expressif. Les mouvements deviennent plus lisibles car leur portée est décuplée par cette absence de barrières. Le cadre ne fait pas obstacle à l’action, il la soutient, la porte. Cela permet aux dessinateurs d’élaborer des mouvements complexes qui malgré la fixité de l’image restent compréhensibles. Sans nuire au rythme de lecture on peut même suivre de larges enchaînements durant lesquels interviennent de nombreux personnages.
A l’intérieur de la case les mouvements sont appuyés par les traits d’accélération. C’est une technique répandue, utilisée en Europe comme aux Etats-Unis, mais les Japonais l’ont propulsé au rang de procédé narratif. Pour rendre compte visuellement des combats d’art martiaux, les traits sont massivement utilisés mais aussi tracés avec le plus grand soin possible. Leur longueur et leur épaisseur varie généralement en fonction de la vitesse et de l’amplitude du mouvement qu’ils soutiennent. Leur position souligne nettement les axes rotatifs et de maintien.
Ces subtilités ne sont pas directement perceptibles durant la lecture mais la fluidité du trait et donc de l’action qui en découle apporte un confort de lecture indéniable, expliquant sans doute le dynamisme et la facilité d’accès du genre. Ces recherches picturales étirent pour le lecteur une ligne de circulation de l’action où l’œil glisse sans à-coups sur les corps en mouvement, conférant à la lecture une aisance accentuant le rythme de l’action et le dynamisme de la narration.
Chaque dessinateur développe son propre style mais le trait du manga reste caractéristique par sa clarté et sa précision. On peut dire que même les mangas qui ne font pas ouvertement référence aux arts martiaux en ont exploité les préceptes et ressenti l’influence. Chez ceux qui mettent en scène des personnages guerriers, cet héritage est encore plus explicite.
Le combat martial dans le manga
Il est impossible de répertorier tous les mangas ouvertement inspirés des arts martiaux. Toutefois, on peut y distinguer trois thématiques majeures.
- Les superhéros
Ce sont les plus populaires. Les personnages utilisent les arts martiaux de manière irréaliste (Dragon Ball Z), ou incongrue (Ranma ½, Olive et Tom). Les auteurs font peu de cas de la technique et de la vraisemblance. Issus de Dojo fantaisistes, les personnages volent, ils sont bardés de superpouvoirs plus incroyables les uns que les autres et sont presqu’invincibles. Pour donner du crédit à ces personnages et à leurs coups, les auteurs utilisent abondamment la terminologie martiale. C’en est l’emprunt le plus perceptible.
- La tradition (Nori Taka, Touch…)
Dans ces mangas, une grande attention est accordée au réalisme et à la vraisemblance des combats. Tout y est extrêmement précis (« Attention à la position du petit doigt, elle est vitale »), les prises sont en général détaillées sur plusieurs pages et minutieusement expliquées. Tous les arts martiaux y ont leur place et jusqu’aux sports de combats occidentaux y sont pointilleusement explicités (boxe, lutte…). Certains de ces mangas sont de véritables manuels d’entraînement et même des coups totalement imaginés par l’auteur restent très réalistes et potentiellement exécutables par des artistes martiaux.
- Le prospectif (Gunnm…)
Leur action se déroule en général dans le futur, où l’évolution des techniques de combat s’est faite en relation avec les avancées scientifiques et technologiques. On croise souvent des cyborgs dans ces univers, ou bien des mutants, et toute une série de Dojo se sont établis autour de cet état de fait. Les Dojo traditionnels évoluent et deviennent Karaté spatial, Kendo de Mars ou Panzer Kunst. On peut apprendre le combat en apesanteur ou bien les techniques de défense contre les cyborgs.
Le décuplement des capacités combatives des guerriers du futur permet au manga-ka une grande liberté dans la création de coups et d’enchaînements. Cependant, et plus encore que dans les mangas réalistes, il doit maîtriser les techniques de combat traditionnel avant de pouvoir les faire évoluer. Les coups doivent être impressionnants mais basés sur des codes existants pour ne pas paraître totalement irréalistes.
L’imagination débridée des manga-ka a permis la création de nouvelles classes combattantes, de nouveaux codes, de nouveaux défis, de nouvelles lois.
Depuis ses débuts le manga a emprunté ses sources d’inspiration et ses techniques aux arts martiaux. Les arts martiaux le lui rendront-il en empruntant leurs futurs codes dans les pages des mangas ?
Un jeu de cartes à l'effigie d'anciens dictateurs, dont Adolf Hitler, fait des remous en Allemagne depuis sa récente commercialisation, rapporte mardi le quotidien populaire Bild.
Le jeu de 32 cartes, baptisé "les 7 familles des dictateurs" -mais qui comporte en réalité huit familles de quatre despotes, de l'Antiquité à l'époque contemporaine- "sera encore actuel dans 1.000 ans", indique l'éditeur Onkel & Onkel sur son site internet.
Il présente huit familles d'anciens dictateurs, notamment l'Italien Benito Mussolini, le Portugais Antonio de Oliveira Salazar, le Soviétique Joseph Staline, ou encore l'Espagnol Francisco Franco.
Chaque carte indique l'âge auquel les dictateurs sont entrés en fonction et ont quitté le pouvoir, la cause de leur décès, sans oublier divers traits de leur personnalité.
Les règles du jeu sont simples, "il n'y en a pas", plaisante l'éditeur sur son site internet. Et d'ajouter: "En amour comme à la guerre, tout est permis comme chacun sait et celui qui capitule, perd".
"Comment appréhender les chapitres sombres de notre histoire? La question se pose sans cesse et la réponse est: de façon ludique. C'est pour cela qu'il ne faut pas prendre ça trop au sérieux", indique le patron de la maison d'édition, Volker Oppmann, cité par Bild.
L'historien Arnulf Baring met en garde contre une "minimisation" de ces périodes de l'histoire. "Plus le Troisième Reich s'éloigne dans le temps, plus la réflexion sur ce sujet devient bizarre", constate-t-il.
Il reproche au jeu de cartes de "mettre les scélérats sur le même rang" alors que "comparé à Hitler, Mussolini est un homme d'honneur". Même réticence du ministre régional de l'Intérieur de la ville-Etat de Berlin, Erhart Körting, qui trouve le jeu de "mauvais goût".
"Le commerce avec Hitler est au fond une évolution positive", estime pour sa part l'écrivain berlinois d'origine israélienne, Rafael Seligmann, interrogé par Bild. Pour lui, c'est "un jalon vers la normalisation".
*Pendant ce temps-là, en France : (Edit: l'info suivante s'avérait être un canular que j'ai honteusement relayé. Je laisse quand même l'article pour le fun)*
"Devant la réalité des nouvelles parentalités, les schémas normatifs ne sont plus à l'odre du jour, ils correspondent à des représentations rétrogrades qu'il convient d'éloigner des jeunes générations".
C'est par ces mots que la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité (HALDE) a fait savoir que les traditionnels "jeux des sept familles" seraient bientôt en voie d'interdiction, en tout cas sous cette forme. En effet, le célèbre jeu de société met en scène des couples et des filiations obligatoirement hétérosexuels, ce qui provoque la réprobation de Louis Schweitzer, président de la HALDE.
"Les familles d'aujourd'hui ne ressemblent plus à cet antique modèle ; si ce jeu devait continuer d'exister, alors il devrait prendre en compte la multimodalité de la famille moderne : couples homosexuels, concubins, familles multiculturelles, configurations polygames, etc., mais aussi couples sans descendance, adoptions, familles recomposées, et mères porteuses sont désormais la marque de notre identité sociétale, ce que nos enfants doivent intégrer dès la plus petite enfance, y compris par le biais du jeu".
Les fabricants ont jusqu'à 2010 pour proposer une nouvelle édition "plus citoyenne et plus représentative de la Diversité".