Wednesday, October 01, 2003 :::
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Cush est un homme fier, inflexible, et qui, contrairement à Corto, suit une loi à la lettre : celle du Coran : c'est un partisan du Mullah enragé.
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Hugo Pratt a disparu mais il nous reste Corto
L'hommage d'Umberto Eco
Article paru dans l'Espresso, le 4 septembre 1995, et repris dans la revue mensuelle (A Suivre), numéro spécial de septembre 1995.
Dimanche soir dernier, j'allume la télévision et j'apprends qu'Hugo Pratt est mort. C'était un ami même si nous nous voyions rarement et mes divers articles à son sujet lui avaient plu. En fait, j'ai la sensation que tout ce que pourrais écrire maintenant je l'ai déjà dit, mais il n'est nul besoin d'être original à tout prix quand on se souvient d'un ami disparu. Ma contribution ressemble à un "crocodile" - et je pense qu'il aurait apprécié ce terme technique par lequel les journalistes italiens désignent une nécrologie préparée du vivant de la célébrité en question, puisqu'il s'agit d'un animal exotique, évocateur de fleuves somnolents ou de savanes, sous le soleil des tropiques...
Pratt est vite devenu un personnage culte. Il y a une vingtaine d'années, ce chercheur sérieux, rigoureux, pétri de formule mathématiques et de références kantiennes qu'est Jean Petitot était venu faire une conférence à Bologne et j'avais mentionné par hasard que Pratt se trouvait dans un hôtel du centre. Son visage s'était illuminé : pouvait-il rencontrer le grand Pratt ? Un peu comme s'il s'agissait de Corto Maltese en personne. Et on a passé une plaisante soirée au bar. Petitot était ravi. Pratt était déjà un mythe, même en France. Un journaliste m'a téléphoné quelques minutes après la diffusion de la nouvelle et dans l'émotion du moment, je n'ai pu lui dire qu'il était "le Salgari de notre siècle", à ceci près : il y a une curieuse différence entre les grands écrivains (ceux dont l'opinion commune dit qu'ils écrivent bien) et le créateurs de mythe dont l'écriture peut-être médiocre. Dumas était à mi-chemin : les Trois mousquetaires sont écrits dans un style sec, précis pas un mot en trop, ni en moins. ça n'est pas A la recherche du temps perdu d'accord, mais s'ils avaient été écrits dans le même style ils auraient été insupportables (et vice et versa). (...) Ils découlent tous du même archétype, celui du Justicier Eternel dont le prototype est le comte de Monte Cristo. On peut créer des archétypes en écrivant au fil de la plume (au point de se demander si un récit est obligatoirement une question de littérature - le concept de la littérature est assez moderne, celui du mythe est éternel).
(...) Contrairement à Salgari, Hugo Pratt écrivait bien. La Ballade de la mer salée peut-être lue, relue et regardée (puisque Pratt écrivait en bulles). Le plaisir des mots et des images se renouvelle à chaque fois. Les bavures sont rares ou inexistantes mais je distinguerais un Pratt première manière au style un peu chargé, un Pratt deuxième manière (pour moi le meilleur) plus profond et stylisé, enfin un Pratt troisième manière où la stylisation et la complaisance du dessin dominent pour devenir "manière" justement. En tout cas, deux générations au moins de ce siècle auront en mémoire les grands mythes créés par Pratt. Formidable narrateur avant d'être dessinateur (mais aurait-il été narrateur s'il n'avait pas été dessinateur ?) compréhensible par tous malgré sa grande culture où affleurent les références littéraires, mythologiques, ethnographiques... un artiste complexe.
J'en terminerai avec ce dernier épisode (que j'ai, il me semble déjà raconté). Lors d'une exposition de Pratt à Milan, j'avais amené ma fille, encore très jeune mais déjà très amateur des histoires de Corto Maltese, pour lui faire rencontrer l'auteur. A un moment donné, elle me prit à part pour me murmurer "mais Corto Matese c'est lui !" Seuls les enfants comprennent que le roi est nu. Corto Maltese est longiligne, émacié, athlétique, d'une grâce "art nouveau", virilement efféminé. Pratt était plutôt petit, trapu, tendant à l'embonpoint, avec un visage lourd. Mais ce jour là, je l'ai bien regardé de profil, à contre jour : oui, c'était bien Corto Maltese. Toute sa vie il s'est raconté, tel qu'il aurait aimé être. Tel qu'il aurait aimé être il restera, je l'espère, dans nos mémoires.
Umberto Eco
Traduction : Christine Vernier
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- Raspoutine: "Un jour je te tuerai Corto"
- Corto: "Et moi je te tuerai un soir"
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Un detail cependant préoccupait sa mère: Corto n'avais pas de ligne de chance."Ne te preocupes pas, Nina" lui répondit il un jour où elle le mettait en garde;" la chance, c'est moi qui la fais". Il alla chercher le rasoir de son père et traca un profond sillon sanglant à l'endroit même de la fameuse ligne.
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Les plus anciennes références à Samael se trouvent dans la littérature intertestamentaire ou apocryphe, voir Martyre d'Isaie chap. I, vers. 8; Ascension d'Isaie VII, 9, XI, 41. III Baruch IV, 8. Dans la littérature rabbinique, il est mentionné dans les Pirqey de Rabbi Eliézer, chap. 13 et 21, et dans le Targoum du Pseudo-Jonathan sur Genèse III, 6.
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Chronologie de la vie de Corto Maltese Il n'est pas question ici de raconter les aventures de Corto Maltese, car mieux vaut encore lire chacun des albums. On trouvera plutôt dans cette page une mise en perspective dans le temps et dans l'espace de la vie de Corto Maltese. Une approche pleine d'enseignement de la vision qu'avait Hugo Pratt de l'histoire de son héros.
D'après la chronologie parue chez Casterman, De l'autre côté de Corto, Hugo Pratt, entretiens avec Dominique Petifaux
Dans l'imagination d'Hugo Pratt, Corto Maltese est né le 10 juillet 1887 à La Valette (Malte), d'un père marin britannique originaire des Cornouailles et d'une mère gitane, "la ni?a de Gibraltar", née à Séville. Corto Maltese est donc comme son père sujet britannique. Il réside officiellement à Antigua, aux Antilles, mais la seule demeure qu'on lui connaisse se situe à Hong-Kong.
Grâce à la version "roman" de la Ballade de la mer salée (Corto Maltese, Editions Denoël, 1996) on en sait plus sur la jeunesse de Corto, notamment à Cordoue, où à l'âge de 10 ans il habite le quartier juif. Les premières pages du roman relatent cette anecdote : lorsque qu'une amie de sa mère, Amalia, entreprend de lire l'avenir du garçon dans le creux de sa main, elle s'aperçoit qu'il lui manque la ligne de chance. Pas de quoi impressionner le jeune Corto, qui prend le rasoir de son père, et "dessine un long sillon profond". Désormais, il avait une belle ligne de chance...
Au cours de l'été 1900, Corto Maltese fait un premier séjour en Chine, en pleine guerre des Boxers (juin-août 1900). Son premier fait d'arme : la destruction d'un canon. Il a 13 ans. (Episode relaté par l'assistant d'Hugo Pratt, Raffaele Vianello et authentifié par l'auteur). On le retrouve en Mandchourie vers la fin de l'année 1904, durant la guerre russo-japonaise (février 1904-septembre 1905). Il devient l'ami de Jack London alors correspondant de guerre. Il rencontre aussi pour la première fois Raspoutine, déserteur de l'armée du tsar, avec lequel il embarque pour l'Afrique à la recherche de mines d'or en Ethiopie. (La Jeunesse)
Mais une mutinerie éclate à bord, et c'est en Argentine que les deux hommes arrivent. Nous sommes en 1905, en Patagonie, Corto et Raspoutine rencontrent Butch Cassidy, Sundance Kid et Etta place, les célèbres hors-la-loi recherchés aux Etats-Unis.
En 1907 Corto est en Italie, à Ancône, où il croise un certain Djougatchvili, le futur Staline, pour l'heure modeste portier de nuit dans un hôtel. Grâce à cette amitié, Corto sortira sans dommage d'un mauvais pas, 14 ans plus tard, dans La maison dorée de Samarkand.
Retour en Argentine en 1908, il retrouve Jack London. Entre 1908 et 1913 Corto fait escale à Marseille, à Tunis, aux Antilles, à la Nouvelle-Orléans, en Inde et de nouveau en Chine. D'après Juan Antonio de Blas, un spécialiste de l'oeuvre d'Hugo Pratt, Corto est en 1910 officier en second sur le Bostonian, un navire qui fait route de Boston à Liverpool. A bord, Corto prend la défense de John Reed, futur dirigeant de l'international communiste, alors jeune mousse, accusé par le capitaine du bateau d'avoir provoqué la mort d'un autre mousse. Corto parvient à innocenter Reed au moment de son procés. Il est dès lors inscrit sur la "liste noire" des capitaines.
Voilà Corto devenu pirate. Il travaille en 1913 pour le compte du mystérieux "Moine" et parcours le Pacifique Sud. Le 31 octobre, l'équipage de Corto se mutine (il n'a décidemment pas de chance avec ses équipages !). Il est abandonné en pleine mer, crucifié sur une planche. Le lendemain, le 1er novembre 1913, il est recueilli par Raspoutine, lui-même membre de l'organisation secrète du Moine. C'est le début de la Ballade de la mer salée, et c'est aussi la première apparition de Corto Maltese dans l'oeuvre d'Hugo Pratt.
Sur l'île imaginaire d'Escondida (169° de longitude ouest et 19°de latitude sud) Corto Maltese et ses compagnons apprennent de la bouche du Moine le début de la guerre en Europe. Commence alors un traffic louche au profit de l'Allemagne. Le voyage initiatique de Pandora et Caïn, avec Tarao, n'en finit pas. L'histoire s'achève par la mort chevaleresque du capitaine Slütter. Et un jour quelconque de janvier 1915, Corto Maltese et Raspoutine quittent Escondida, en direction de l'île Pitcairn.
Début des aventures sud-américaines. En 1916, Corto Maltese, en compagnie du professeur Jeremiah Steiner de l'Université de Prague et du jeune Tristan Bantam, se balade sucessivement à Paramaribo, Saint-Laurent-du-Maroni, Salvador de Bahia, au Brésil et à l'embouchure de l'Amazonie. En 1917 il est à Saint-Kitts aux Antilles, au Honduras-Britannique (Belize), à Maracaibo au Vénézuela, au Honduras, à la Barbade, sur le delta de l'Orenoque et dans la forêt amazonienne péruvienne. Des aventures compilées dans Sous le signe du Capricorne et Corto toujours un peu plus loin.
Corto traverse l'Atlantique et achève l'année 1917 en Europe. Les Celtiques débutent à Venise. Puis c'est la mer Adriatique pendant la bataille de Carporetto (24 octobre 1917), Dublin dans une Irlande en lutte pour l'indépendance et Stonehenge, en Angleterre, au milieu des fées et des corbeaux bavards dans un Songe d'un matin d'hiver. Au printemps 1918 Corto est en France où il assiste le 21 avril à la fin du baron rouge, abattu dans le ciel de Vaux-sur-Somme. Les plages de la mer du Nord voient la fin des Celtiques.
Lorsque les Ethiopiques débutent un mois plus tard, Corto Matese est au Yémen. Cush, le guerrier Danakil, fait son apparition dans le premier épisode, Au nom d'Allah le mésiricordieux. En septembre, le 13, il passe en Somalie britannique, c'est le coup de grâce. Retour en Ethiopie (Et d'autres Roméos et Juliettes), puis incursion en Afrique orientale allemande avec les hommes léopard.
C'est à Hong-Kong, chez lui, (il habite un quartier "là où se trouvent plein de voleurs et de jolies femmmes") que Corto apprend la fin de la guerre le 11 novembre 1918. Raspoutine est là aussi, élégant dans son imperméable, impatient de vivre de nouvelles aventures. C'est le début de Corto Maltese en Sibérie. Mandatés par une société secrète chinoise, les Lanternes rouges, ils partent ensemble à la recherche du trésor fort convoité de la famille impériale russe. S'en accaparer ne sera pas aisé, car l'or circule dans un train blindé, celui de l'Amiral Kolchak. En 1919, Corto arrive à Shangaï, puis dans la région des trois frontières, aux confins de la Mandchourie, de la Mongolie et de la Sibérie. Une zone particulièrement trouble à cette époque, où s'affrontent les bolcheviks et les troupes de la Russie blanche, soutenues par les puissances occidentales. Corto rencontre Von Ungern-Sternberg, le baron fou, toujours à la recherche de ses gloires et de ses folies. Après la destruction du train du général Tchang en février 1920, il regagne Honk-Kong. Cette aventure asiatique s'achève dans la province chinoise du Jiangxi, en avril 1920.
Avant de regagner bientôt l'Asie, Corto Maltese fait escale du 19 au 25 avril 1921 à Venise pour une histoire à la façon d'une pièce de théâtre : Fable de Venise. Et comme de Venise à Rhodes, il n'y a que la Méditerrannée à traverser, Corto arrive donc dans l'île de la mer Egée à l'automne. C'est le début d'un nouveau périple à travers l'Asie, qui le mènera des côtes turques aux montagnes afghannes. Pendant près d'un an, Corto part à la recherche du trésor d'Alexandre le Grand. Il débarque à Adana, traverse la Turquie jusqu'à Van, sillone l'Azerbaïdjan. Là, arrêté par des soldats de l'Armée rouge, il manque d'être fusillé par un commissaire du peuple un tantinet expéditif. Mais un coup de fil à Staline (devenu, depuis Ancône commissaire du peuple aux nationalité) le sauvera. Ensuite Corto traverse la mer Caspienne de Bakou à Krasnovodsk. Puis il rejoint Raspoutine dans l'émirat de Boukhara. Au Tadjikistan, les deux hommes sont témoins de la mort d'Enver Pacha, le 4 août 1922. Pour finir, ils gagnent l'Afghanistan où ils entrevoient (une hallucination ?) le trésor tant recherché. La maison dorée de Samarkand prend fin alors que Corto et Raspoutine s'apprêtent à franchir la frontière avec le Pakistan en compagnie d'une colonne de soldats britanniques.
Juin 1923, Corto Maltese est en Argentine. Dans Tango il enquête sur la disparition de Louise Brookzowyc, rencontrée dans Fable de Venise. Il devra se méfier de l'organisation "Warsavia", un réseau de prostitution pour lequel la jeune femme travaillait.Corto tue Estevez, le chef de la police, responsable de la mort de Louise. Il quitte l'Argentine le soir du 20 juin.
En 1924, Corto Maltese se promène dans les cantons suisses. C'est les Hélvétiques. Avec le professeur Steiner il se rend à Montagnola chez l'écrivain Herman Hesse. Malgré son sceptissisme, Corto est confronté à l'imagination suisse. En songe, il boit le philtre de Paracelse, et devient immortel. Mais est-ce vraiment un songe ?
C'est en 1925 que Corto Maltese, à l'invitation de Levi Colombia, part avec Raspoutine à la recherche de l'Atlantide, le continent Mû.
Décembre 1928, Corto est à Harar en Ethiopie en compagnie du romancier Henry de Monfreid et du paléontologue et théologien Teilhard de Chardin. Une aquarelle de Hugo Pratt parue dans la revue Corto l'atteste. En 1936 il s'engage dans les Brigades internationales et participe à la dernière des aventures romantiques, la guerre d'Espagne. En 1941, Cush, dans les Scorpions du désert, raconte : "Il paraît qu'il a disparu pendant la guerre d'Espagne". Mais disparaître ne veut pas dire mourir.
D'ailleurs Corto n'est pas mort pendant la guerre d'Espagne. C'est la volonté d'Hugo Pratt. Une volonté mainte fois exprimée lors de ses nombreuses interviews. Et le lecteur pouvait s'en douter dès le début, car dans l'introduction de la Ballade de la mer salée on peut lire une lettre datée de 1965 qui cite une autre lettre, antérieure, signée Pandora. On y apprend que Corto et Tarao vivent à ses côtés, et qu'ils sont considérés par ses enfants comme des "oncles". Pandora décrit Corto accablé par la mort de Tarao, "assis seul dans le jardin, les yeux éteints, face à la grande mer qui fut sienne". "Dans un monde où tout est électronique, où tout est calculé et industrialisé, il n'y a pas de place pour un type comme Corto Maltese". Hugo Pratt, cité dans l'ouvrage de V. Mollica et M. paganelle, Pratt, 1980.
Corto Maltese par Hugo Pratt
Mais d'ou viennent donc ces merveilleux copier-coller ?
--> http://membres.lycos.fr/shamael
--> http://perso.wanadoo.fr/web.on-line/maltese.htmLabels: Kulturbook
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Monday, September 29, 2003 :::
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